Actu / 03.03.2017

Un mémorial amérindien : témoignage ou symptôme du déstin d’un peuple ?

Peuple premier du fleuve Columbia qui sillonne le flanc Ouest du contient Nord-Américain, les Wanapum ont désormais leur mémorial. Un honneur ? Non, plutôt une cruelle parabole des relations entretenues entre l’Amérique et ses nations amérindiennes.

Les Wanapum sont célèbre à travers toute l’Amérique pour leurs fines plateformes qu’ils dressaient en aplomb des rapides tumultueux du fleuve Columbia. Lors de notre périple de 2003 à bord de notre canoë en écorce de bouleau, nous avions rencontré Rex Buck, chef des derniers Wanapum peuplant encore les rives du fleuve. Au début du XXe siècle, dans la lignée des grands travaux du new-deal américain, une procession de barrages a été dressée sur le fleuve là où son gradient était le plus favorable. Les enrochements ont été dynamités et avec eux ont disparu les zones humides, remplacées par d’immenses réservoirs. Depuis, le peuple subsiste tant bien que mal dans ses réserves le long du fleuve.

Ouvert en 2014, Son mémorial conçu par l’agence Mithun de Seattle apparaît comme un lieu à la fois léger et encré dans son site, dans la grande lignée du modernisme américain. Un bel hommage ? Sans doute, mais savez-vous qui a financé l’ouvrage ?
Le Comté de Grant, qui détient depuis plusieurs décennies les droits de concession des plus grands barrages du cours inférieur du fleuve Columbia. Une démarche tout à la fois généreuse, expiatoire et calculatrice :  Le comté est aussi un recruteur important de la réserve. Beaucoup des Wanapum en âge de travailler sont employés sur les centrales hydroélectriques, celles-là même qui lui ont enlevé sa raison d’exister.

 

Pêcheurs sur les Chutes de Celilo

Credits :  Ben Benschneider/Mithun – Archives de l’Etat de Washington.

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